Jeudi 10 février 2022
documentaire d’Aude Pépin

del
Synopsis
Chantal Birman, sage-femme libérale et féministe,
a consacré sa vie à défendre le droit des femmes.
À presque 70 ans, elle continue de se rendre auprès de
celles qui viennent d’accoucher pour leur prodiguer soins
et conseils.
Entre instants douloureux et joies intenses, ses visites
offrent une photographie rare de ce moment délicat qu’est
le retour à la maison.
X

Quelques mots sur Chantal Birman
Née le 2 août 1949 à Paris, Chantal Birman a pratiqué en tant que sage-femme pendant 49 ans. Elle découvre sa vocation à 17 ans dès sa première année de médecine. En 1967, au cours
de son premier stage comme étudiante sage-femme, elle est confrontée aux conséquences tragiques de l’avortement clandestin pour la santé des femmes. Dès lors elle va s’engager dans le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception (MLAC). Elle réalise des avortements clandestins, avec des femmes de la société civile, par la méthode Karman. Seules trois sagefemmes en France se sont confrontées à cette pratique illégale. Elle milite activement pour l’adoption de la loi Veil.
Pour son engagement ininterrompu pour le droit des femmes et des mères, elle est promue chevalier, puis officier de la Légion d’honneur. Elle est la première sage-femme de France à donner une
conférence à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Elle a écrit « Au monde : ce qu’accoucher veut dire, une sagefemme raconte » paru aux éditions de La Martinière puis en
poche dans la collection Points, un livre culte pour des générations de sage-femmes. Elle participe à plusieurs ouvrages collectifs, dont « Naître et renaître » sous la direction de Frédéric Worms et Claire Marin aux éditions Puf. Pendant 40 ans elle co-animera l’équipe de la Maternité des
Lilas comme sage-femme institutionnelle. Face à la dégradation des conditions d’accueil dans la Maternité, Chantal Birman s’installe dans un cabinet et exercera en fin de carrière une pratique libérale, pour exercer son métier comme elle l’a toujours fait : à l’écoute des femmes.
En 2020, Chantal Birman prend sa retraite. (dossier de presse du film)
ENTRETIEN AVEC AUDE PÉPIN
Comment avez-vous rencontré Chantal Birman ?
C’est mon parcours de journaliste qui m’a permis de rencontrer Chantal. Après avoir passé 15 ans au Zapping, j’ai eu envie de passer de l’autre côté du miroir. J’ai donc décidé de passer mon diplôme de journaliste au CFPJ, avec une idée en tête :
travailler à la Maison des Maternelles. Ce que j’ai réussi à faire, et c’est là que j’ai eu la chance de la rencontrer. La rédactrice en chef m’avait demandé de la contacter et je me souviens encore de ses mots « Tu vas rencontrer une grande dame, une sage-femme extraordinaire. Appelle-la pour qu’elle nous dise ce dont elle aimerait venir parler cette année dans l’émission ». Et j’ai eu affaire à une femme de la trempe de celles qui font des révolutions, qui changent les mentalités, qui engagent leur vie tout entière pour les autres (avec tout ce que cela comporte de sacrifices personnels), mais qui s’y acharnent encore et toujours avec autant de passion, de fraîcheur et d’idéalisme. Pour la journaliste, la femme et la mère que j’étais à ce moment-là, cette rencontre a été décisive. Chantal Birman défendait des idées qui me parlaient et elle le faisait avec un enthousiasme galvanisant. Le premier sujet que j’ai réalisé avec elle portait sur le post-partum, la période qui s’étend de la fin de l’accouchement au retour de couches, c’est-à-dire au retour des premières règles.
Pourquoi avoir choisi ce sujet pour votre premier film ?
Lorsque j’ai rencontré Chantal, elle travaillait en PRADO (programme de raccompagnement du patient hospitalisé) auprès de mères sortant de la maternité et vivant dans le 93. C’est
pour cette raison qu’on l’appelle également « la sage-femme des banlieues ». Elle m’a alors raconté son quotidien : la violence du retour à la maison après la naissance, les accouchements à la chaîne, les péridurales systématisées par des effectifs qui n’ont plus d’autre choix tant les moyens donnés à l’hôpital sont constamment diminués, et tant la mécanisation
de l’accouchement contraint les femmes à passer à côté de ce moment de vie fondamental.
Très vite, j’ai eu l’intuition qu’il y avait derrière nos échanges la possibilité d’un film. J’ai perçu la nécessité absolue de briser
le tabou qui entourait jusqu’ici le post-partum, période qui, à ma connaissance, n’avait jamais été documentée et dont personne ne parlait vraiment. Chantal et moi avions construit un rapport de confiance mutuelle, elle a donc accepté que je l’accompagne dans ses tournées. Dès la première matinée à ses côtés, j’ai compris qu’au-delà d’être un puissant instantané des disparités sociales, ses entretiens avec ces jeunes mères dévoilaient la double naissance de l’humanité : celle des enfants, mais aussi celle des parents. Je voyais en effet chez ces jeunes parents, et plus particulièrement chez ces nouvelles mères, des êtres mis à nu, des
esprits à vif. Leur fragilité, leur humanité me paraissaient éminemment cinématographiques. J’ai aussi été saisie de constater comment la violence physique et psychique de l’accouchement, et le saut dans le vide du « retour à la maison », les plongeaient dans un état proche de la sidération.(dossier de presse du film)





